Le procès diocésain de béatification d'Anne-Gabrielle Caron (2002-2010) s'ouvre le 12 septembre à Toulon. Sa mère raconte l'ascension au ciel de cette « petite sœur » de sainte Thérèse.
C'est un petit carnet d'enfant, aux pages d'un blanc immaculé. Anne-Gabrielle n'a pu en écrire que deux, de cette écriture enfantine qui arrondit les lettres. La première, la plus touchante, elle l'a écrite au lendemain de sa première communion, le 7 juin 2009. Toute la maturité spirituelle de cette petite fille aux yeux noirs et aux cheveux châtain foncé se résume en quelques mots, mais quels mots !
« Je me dis parfois que le Bon Dieu me donne beaucoup : le chagrin, la chimio, le goût quand j'ai mal. J'aimerais savoir pourquoi Il m'a choisi moi et pas quelqu'un d'autre. C'est encore beaucoup. Mais je suis prêt à l'accepter. Je t'aime mon Dieu. "
Elle n'a que 7 ans.
Sa vie :
- - 29 janvier 2002 : Naissance à Toulon.
- - 24 février 2009 : Une biopsie osseuse révèle un sarcome d'Ewing.
- - 20 mai 2009 : Elle reçoit le sacrement de Confirmation,
- - 7 juin 2009 : elle fait sa première communion.
- - Juillet 2009 : annonce de la rémission de son cancer.
- - Janvier 2010 : sa maladie réapparaît.
- - 12 février 2010 : elle fait la promesse à son louveteau.
- - 23 juillet 2010 : elle décède à Marseille.
Nul ne peut rester indifférent à la foi ardente et à l'abandon total dont a fait preuve durant sa courte vie Anne-Gabrielle Caron, décédée du sarcome d'Ewing, une tumeur extrêmement agressive touchant principalement les os du bassin et des jambes, le 23 juillet 2010 au âge de 8 ans. Tous ceux qui l'ont accompagnée jusqu'à la fin de sa vie témoignent qu'ils ont été pris d'un "désir irrépressible d'aimer Jésus" à son contact. « C'était comme si nous étions sanctifiés en sa présence », raconte sa mère, Marie-Dauphine Caron. « Nous avons touché le ciel avec elle. » Cette réputation de sainteté a conduit les évêques en juin à se prononcer favorablement sur l'ouverture du procès diocésain pour sa cause de canonisation. Le 12 septembre, en l'église Saint-François-de-Paule de Toulon, la ville où elle a vécu, Anne-Gabrielle sera déclarée Servante de Dieu et entamera officiellement son voyage vers le Ciel.
Le tibia brûlant
Marcher, Anne-Gabrielle a adoré. "Elle était une bonne marcheuse", se souvient sa mère. En juillet 2008, ses parents l'emmènent dans les Alpes avec ses deux jeunes frères et sœurs, François-Xavier et Blanche. " n décembre, la petite fille a passé Noël chez ses grands-parents maternels. Deux fois ses parents l'ont surprise en train de boiter. " On pensait qu'elle imitait mon père, qui avait fait un AVC quelques mois plus tôt. Nous l'avons grondée et elle n'a rien dit.... » Anne-Gabrielle marche de plus en plus lentement et continue de boiter. En janvier, elle a fait une radiographie. Bilan : fracture de fatigue. « Notre médecin nous a assuré qu'il passerait avec le temps et les anti-inflammatoires. » Mais la douleur s'aggrave. « Anne-Gabrielle hurlait tous les soirs : « Ma jambe ! J'ai mal ! »
J'aimerais savoir pourquoi Il m'a choisi moi et pas quelqu'un d'autre. C'est encore beaucoup. Mais je suis prêt à l'accepter. Je t'aime mon Dieu.
Anne Gabrielle Caron
Le 27 février, son médecin généraliste l'examine à nouveau. « Quand il a posé sa main sur son tibia, ça brûlait. » Tout s'est ensuite accéléré : un rendez-vous chez l'orthopédiste dans l'après-midi et une IRM d'urgence. Le lendemain, l'orthopédiste reçoit les parents en hâte : "Je n'ai pas dormi de la nuit. Votre fille a une tumeur maligne, j'en suis à peu près sûre. " C'était très violent", se souvient sa mère. Anne-Gabrielle était se précipita à l'hôpital de la Timone à Marseille et subit une batterie de tests. Tous conclurent au pire : le sarcome d'Ewing. "Les médecins nous ont dit qu'elle pourrait entrer en rémission, mais qu'elle ne s'en remettrait jamais. " A la veille de sa première chimio le 3 mars 2009, elle a demandé à sa mère : " Maman, peut-être que ça ne guérira pas ma jambe. Mais vais-je mourir ? " Je lui ai dit : " Nous allons tout faire pour te guérir, mais peut-être que le bon Dieu te rappellera à Lui. Elle s'est tue - je la vois encore au lit - et puis elle a dit : « Je suis contente de mourir, parce que je serai avec le Bon Dieu. »
Une "sainte" présence
Le Bon Dieu, Anne-Gabrielle y revenait tout le temps. "Pourquoi vous inquiétez-vous? Demandez simplement au Bon Dieu" , répétait-elle plusieurs fois. Ou encore : « Je sais que tout ira bien, parce que le Bon Dieu arrangera tout. » Elle ne parlait pas seulement du Bon Dieu ; elle transpirait dans chaque attitude qu'elle avait. "Elle parlait toujours du bien de tout le monde", se souvient Marie-Dauphine Caron. Un jour, quand sa mère lui a demandé pourquoi elle voulait inviter à la maison une petite fille qui ne cessait de l'embêter, elle a répondu : " Si je l'invite, elle ne sera plus malheureuse, elle deviendra gentille. " Anne- Gabrielle était la justice même. "Elle ne laissait jamais une conversation dérailler, que ce soit avec ses amis ou avec nous", concède sa mère, qui garde en mémoire une sévère réprimande qu'elle a reçue à la fin de sa vie. " J'étais avec un ami et j'ai commencé à mal parler des gens que je n'aimais pas. Et là, Anne-Gabrielle m'a dit d'un ton très ferme, ce que je ne l'avais jamais entendue dire : « Je ne suis pas venue ici pour entendre ça. sa voix. "
Cette « sainte » présence d'Anne-Gabrielle, ses proches l'ont vécue à plusieurs reprises dans des grâces spontanément accordées. Une fois, raconte sa mère, « vers la fin de sa vie, j'ai arraché son infusion sans le vouloir. J'ai dû la replanter crue ! de son matelas, elle me prit dans ses bras devenus très maigres et me glissa : « Je ne te blâme pas du tout d'avoir arraché l'aiguille, mais je t'en voudrais si tu te sentais mal. moi je me pardonne ! »
Calme et réservé
Enfant, bien avant sa maladie, Anne-Gabrielle montrait déjà des prédispositions à cette grande intériorité qu'elle allait développer au cours de sa maladie. Petite fille calme et timide, elle analysait tout ce qui concernait l'amour. À l'âge de deux ans et demi, son frère François-Xavier est baptisé. En entrant dans l'église, Anne-Gabrielle a vu un grand crucifix sur le côté, elle a lâché la main de sa grand-mère et a dit : "Jésus, Jésus, il souffre, je vais le consoler." Anne-Gabrielle a aussi su être très vive, et montrer l'excitation et la joie de vivre qu'ont les petits enfants. Elle n'était pas la dernière à faire des histoires lors des siestes à la maternelle... Élevée dans une famille très religieuse, elle a appris très tôt à faire des sacrifices et à aimer Jésus en enlevant les épines de sa couronne.
"C'était un cristal, si pur et si fragile."
Cette attention aux autres était ce qu'Anne-Gabrielle pratiquait le plus naturellement au monde, surtout envers ses frères et sœurs à qui elle donnait de son temps, ses cadeaux et tous les bonbons qu'elle recevait à l'hôpital. Cet oubli d'elle-même, « Yaya » , comme l'appelait sa petite sœur Blanche, l'a vécu encore plus profondément dans la prière et l'Eucharistie. "Les tout derniers jours de sa vie, elle communiait quotidiennement, allongée, les mains jointes. Puis elle se plongeait dans une profonde prière intérieure. C'était un cristal, si pur et si fragile. La présence de Dieu était tangible. Sa contemplation était sans fin." Une telle intériorité, à un si jeune âge, captivera même les deux prêtres qui l'ont accompagnée pendant sa maladie, le père Benoît-Vianney Arnauld et le père Jean-Raphaël Dubrule. "Je ne me sens pas digne de m'asseoir à côté d'elle", a déclaré le premier; "Je n'ai jamais vu un enfant qui soit arrivé à un tel degré dans l'amour de Dieu", confiait ce dernier. "Elle a été toute donnée à Jésus-Christ", résume sa mère.
Jésus dans l'Eucharistie, qu'est-ce qu'elle n'avait pas attendu pour le recevoir enfin la première fois ! « Il viendra dans mon cœur, vraiment présent. Il viendra dans mon cœur, vraiment présent. J'ai hâte ! , elle a failli le rater à cause d'un examen médical. Elle est arrivée à la toute fin de la messe, au moment du cortège de sortie », se souvient Marie-Dauphine Caron. Je la vois encore venir vers moi dans sa robe blanche, la trace d'une larme sur les joues. Il était trop tard. Puis l'orgue s'arrêta et rejoua le chant de la communion. Le prêtre vint la chercher. Je la vis monter à l'autel. Elle avait l'air d'une novice, avec son voile et sa couronne de fleurs. Quand Anne-Gabrielle communié, il y avait un tel silence dans l'église." Quelques années plus tard, une amie confie à Marie-Dauphine et Alexandre Caron : "Quand Anne-Gabrielle monta à l'autel, c'était comme si elle marchait vers le Ciel." Anne-Gabrielle elle-même sera très marquée : « J'ai reçu un grand choc lors de ma Première Communion.
"Toute la journée, elle était ailleurs, comme amoureuse", se souvient sa mère, la voix brisée par l'émotion. « Sa première communion a été un moment clé de sa vie. Je pense que c'est le moment où elle lui a dit « oui ». »
Il viendra dans mon cœur, vraiment présent. Lui, tout de Lui. Je ne peux pas attendre !
Anne Gabrielle Caron
Le même "petit chemin".
« Qu'il fut doux le premier baiser de Jésus à mon âme ! » Comment ne pas faire le rapprochement entre sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et Anne-Gabrielle Caron, sa « petite sœur » spirituelle ? Le même amour de l'Eucharistie, le même consentement au sacrifice, le même "petit chemin". "Je suis une toute petite âme qui ne peut offrir à Dieu que de très petites choses", disait le saint de Lisieux. "Dites, pensez-vous que les âmes que j'aurai délivrées par mes sacrifices pourront faire quelque chose pour moi quand je serai mort ? Pensez-vous qu'ils savent que quelque part sur Terre il y a une fillette de huit ans qui souffre pour eux ?" , a déclaré Anne-Gabrielle un mois avant sa mort. "Elle ne dit pas "moi" ou "Anne-Gabrielle", mais "une gamine de 8 ans". Un anonyme, un petit rien", remarque Marie-Dauphine Caron. Elle ne se voyait pas comme une grande fille ! »
La maladie lui a donné une accalmie à l'été 2009 et, avec elle, un retour à un état normal à l'âge de 7 ans. "Pendant sa rémission, Anne-Gabrielle était moins disposée à se sacrifier", reconnaît sa mère. Elle a dit à son frère et ses sœurs : « J'ai eu une maladie grave, j'aurais pu mourir. » Marie-Dauphine et Alexandre Caron ne se font plus d'illusions sur l'issue de son cancer. "Quand le médecin nous a dit en juin qu'il n'y avait plus d'activité de la maladie, il nous a aussi dit qu'elle serait morte d'ici cinq ans..." Quand ses parents sont sortis du cabinet médical, Anne-Gabrielle leur a dit , énigmatiquement, « j'ai peur, j'ai peur, mais je ne sais pas pourquoi. »
La récidive ne tarde pas à venir. Le verdict tombe début janvier 2010 : les métastases sont réapparues, partout. Anne-Gabrielle est sous le choc. La lutte contre la maladie n'est pas quelque chose qu'elle a vécu seulement dans sa chair. Cette petite âme a connu la peur, le doute et les tourments de la nuit de la foi. "Un jour, alors qu'elle souffrait et que je lui parlais de la vie éternelle, elle a soupiré et a dit : "Maman, j'espère que tout est vrai". Elle a dit au Bon Dieu qu'elle ne voulait pas l'offenser, qu'elle voulait croire, mais elle ne savait plus ce que la mort allait lui apporter." En juin 2010, sa mère prie la Sainte Vierge de leur donner la force d'accepter tout ce que le Bon Dieu leur demandera. Anne-Gabrielle l'interrompit : « Mais n'en fais pas trop quand même ! »
"Jésus, il a trop souffert"
De janvier à juin 2010, Anne-Gabrielle multiplie les traitements et voit ses douleurs se multiplier. « Son corps se détériorait, et chaque examen montrait une aggravation de la maladie. » Elle fera l'expérience de la Croix et s'unira aux souffrances du Christ. Parfois, sa mère trouve le crucifix de la chambre d'hôpital dans la salle de bain. "Je suis désolée, explique Anne-Gabrielle, j'ai tellement peur d'avoir mal que je prends Jésus, je le serre contre moi et je me dis : 'lui aussi avait mal, il va m'aider. »
Au cours de sa dernière semaine, alors que ses parents priaient les sept Notre Père de Sainte Brigitte, Anne-Gabrielle se leva soudain et cria : « Non, c'est trop. « Je me retourne, se souvient sa mère, et je la vois, ses yeux remplis de larmes, me montrant une image du Christ en croix : « Jésus, il a trop souffert. » Elle ne se contente pas d'offrir sa souffrance, elle va jusqu'à supporter la souffrance des autres. En février 2010, prostrée de douleur sur son lit, elle confie à sa mère : « Tu vas me trouver très étourdie, j'ai demandé au Bon Dieu de me donner toutes les souffrances des enfants à l'hôpital. Oh ma chérie... Mais tu ne penses pas que tu souffres déjà assez ? Oh oui, maman... Mais je souffre tellement que s'ils ne pouvaient pas souffrir... « J'étais sans voix », s'interroge encore aujourd'hui sa mère. « Ce jour-là, j'ai compris que le Ciel lui était ouvert et qu'elle était déjà une sainte. »
Vous me trouverez très étourdi, j'ai demandé au Bon Dieu de me donner toutes les souffrances des enfants à l'hôpital.
Anne Gabrielle Caron
Vingt jours d'ascension au paradis
En route vers le Ciel, Anne-Gabrielle veut porter les pécheurs dans sa prière. "Pendant son agonie, les gens nous appelaient à la maison pour nous donner des intentions et je les lui confiais alors. Parfois, quand c'était un péché, elle avait un accès de souffrance." Un jour, alors que ses parents lui suggéraient d'avoir une neuvaine de messes dite pour les âmes du purgatoire, elle la prit dans son cœur et dit : « Pour les âmes du purgatoire, c'est bien, mais je préfère que ce soit pour les pauvres pécheurs.
Début juillet, lors d'une dernière tentative de chimio, Anne-Gabrielle est victime d'un accident vasculaire cérébral. Quelques heures plus tôt, comme saisie d'un pressentiment, elle demande, dans une prière adressée à Marie, pardon à tous ceux qu'elle a pu blesser au cours de sa vie. " Je pense à tous ceux que j'ai blessés et à qui je ne peux pas demander pardon. Je regrette de ne pas pouvoir leur demander pardon." Elle a échappé de justesse à l'attaque et est rentrée chez elle. "Vingt jours de fin de vie extrêmement difficile commencent, mais vingt jours d'ascension au Ciel", raconte sa mère. Elle communie, prie et offre ses souffrances chaque jour.
La dernière larme
Le 22 juillet, la morphine n'est plus efficace. Anne-Gabrielle souffre et retourne à l'hôpital. "Quand elle est arrivée, elle a été exsangue. Dans sa chambre, elle s'est rendu compte qu'il était inutile de cacher sa douleur. C'était une explosion de souffrance. Elle a imploré de l'aide. "Le Bon Dieu en fait trop pour moi", dit-elle. avec une sorte de colère. C'est la seule fois où elle a dit stop. »
Le 23 juillet à 9 heures, elle entre à l'agonie. Trois fois, elle se vida de tout son souffle. Dans l'après-midi, elle a demandé à dire au revoir à son frère et ses sœurs, dont sa "petite Alix", née un an plus tôt le jour de sa première chimio. Ses derniers mots sont pour le Père Arnauld : "Je ne vais pas aller au purgatoire ?" "Tu iras tout de suite au Ciel", lui répondit-il. Anne-Gabrielle est décédée dans la nuit, à 23h50 . tombé sur son visage. Elle a pleuré avant de mourir. Cette larme m'a longtemps traumatisée », confie sa mère. Peut-être que la Sainte Vierge est venue la chercher. Peut-être était-ce une larme de joie, comme sainte Thérèse, qui a eu une extase avant de mourir. se sentait si indigne que peut-être cette larme était une larme d'émotion et d'action de grâce quand elle a vu le Ciel s'ouvrir devant elle. »
Comment l'invoquer ?
Il est possible de confier des intentions de prière à Anne-Gabrielle en utilisant la neuvaine suivante, qui a reçu l'imprimatur de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, en juillet 2018.
"Très Sainte Trinité, par le Cœur Immaculé de Marie, nous Vous rendons grâce pour la petite Anne-Gabrielle, pour tout ce que Vous avez accompli dans sa courte vie. Elle s'est abandonnée à Votre amour et était animée d'un grand zèle pour le salut de âmes. Nous te demandons, par son intercession, de nous accorder cette grâce (disons la grâce désirée), que nous sollicitons de ton infinie Miséricorde, si telle est ta volonté d'amour pour nous. Amen."
Cette neuvaine est suivie du Notre Père, de dix Je vous salue Marie et Gloire au Père.
Traduit de Famille Chrétienne
2 commentaires
Unbelievable Grace at work even in a little child! She is a witness of God ’s unbounded love!
Thank you for sharing the story of this beautiful little saint! She is a modern little Therese and inspires me and gives me courage! 🥰 May her canonization be completed!